Les plus vieux écrits post-antiques connus traitant de l’équitation et de l’hippiatrie sont d’origine portugaise ; le plus fameux étant celui du roi Dom Duarte. L’œuvre intitulée Livro de Ensinança de Bem Cavalgar fût composée approximativement en 1434. Acquis par la Bibliothèque Royale de Paris en 1842, le livre qui enseigne à bien monter à cheval apparaît comme une œuvre littéraire unique et d’une valeur historique inestimable puisqu’il nous renseigne sur l’Art équestre européen à l’aube de la Renaissance, période qui marque la naissance des premières académies d’équitation. Une Illustre dynastie Dom Duarte ou Edouard 1er , roi du Portugal et des Algarves, seigneur de Céuta est un personnage fascinant dont les qualités d’écuyer restent exceptionnelles pour son époque et peu connues aujourd’hui. Il fût l’aîné d’une fratrie qui se distingua au début du XVème siècle par l’élévation de l’esprit, la curiosité intellectuelle et le courage physique. Comme son père Jean 1er, il avait un goût pour les activités cynégétiques et un don pour l’écriture de livres didactiques sur les pratiques sportives médiévales. La psychologie du cavalier est au cœur de sa pédagogie. Le cavalier doit travailler la maîtrise de soi. Il doit contrôler ses émotions et notamment la peur. Il nous offre une véritable typologie des situations d’anxiété vécues à cheval. Par ailleurs, il préconise un enseignement qui respecte l’élève. Homme très sensible et intelligent, il insiste sur la nécessité de tenir compte d’une part, du tempérament des chevaux que l’on doit maîtriser par la douceur, d’autre part de la psychologie de l’apprenti cavalier et de ses craintes : il faut dit-il louer plus et culpabiliser moins.

Galvam de Andrade (1678)

Antonio Galvam de Andrade est né en 1563. Il est issu d’une dynastie de prestigieux écuyers portugais. Son père, Francisco Galvam de Andrade, à la fois homme de lettres et homme de cheval, fut l’écuyer de Dom Teodósio II. La famille Galvam s’est distinguée dans les guerres d’Afrique du Nord. Un de ses membres, Duarte Galvam, fut le chroniqueur de Jean II. Originaire de Vila Viçosa où il fonda son école d’équitation, Antonio Galvam de Andrade commença à monter à cheval à l’âge de 7 ans. Il avait 65 ans lorsqu’il entreprit la rédaction de son traité. Il bénéficia de l’enseignement équestre de son père. Il perfectionna son art avec d’autres écuyers illustres et par la lecture de traités portugais et étrangers. Constatant la rareté des textes portugais sur l’équitation, Galvam de Andrade décide d’écrire un traité afin de combler ce vide. Galvam de Andrade est en effet le quatrième écrivain équestre portugais. Il ne s’est pas contenté de recopier et d’adapter des principes équestres définis par d’autres écuyers. Il se définit comme un innovateur.

Marialva (1670)

Le marquis de Marialva restera pour tous les écuyers portugais le père de l’équitation classique portugaise du XVIIIème. Contrairement à François Robichon de La Guérinière à qui il emprunte certains exercices, Marialva ne laissera pas d’écrits. C’est son disciple Manuel Carlos de Andrade qui recueillera une partie de son enseignement et qui le diffusera à travers son traité. Manuel Carlos de Andrade ayant une culture équestre très importante, aura aussi apporté sa touche personnelle. Le nom de Marialva devint célèbre en matière d’équitation.

Nuno Oliveira (1925-1989)

Ecuyer portugais considéré par Michel Henriquet comme la « première intelligence équestre » du XXème siècle. Elève du maître Joaquim Miranda, Nuno Oliveira a laissé une œuvre équestre monumentale. En 1940, il enseigne aux officiers portugais du Trem Hipomóvel. En 1950, il étudie les grands classiques de la littérature équestre dans la Bibliothèque de Manuel de Barros. En 1956, il rejoint le manège du Dr Guilherme Borba à Póvoa de Santa Adrião. A partir de 1958, il entame un tour du monde pour dispenser ses cours sur « l’Art subtil de dresser les chevaux » : Euclides est vendu à son ami Auguste Baumeister (1958), présentations équestres à Genève, Lucerne, Paris, Pérou, New York, Philippines…En 1975, il collabore dans le dressage du cheval de l’écuyer en chef de Saumur, Durand. Apôtre de l’équitation dite « d’expression latine », Nuno Oliveira a rédigé divers ouvrages sur l’art équestre et des réflexions sur la littérature, la morale et la philosophie : Souvenirs d’un écuyer portugais, Principes classiques de l’art de dresser les chevaux, Amálgama, Elucubrações, Anseios e Recordações, des correspondances avec Michel Henriquet…

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